ТОР 5 статей: Методические подходы к анализу финансового состояния предприятия Проблема периодизации русской литературы ХХ века. Краткая характеристика второй половины ХХ века Характеристика шлифовальных кругов и ее маркировка Служебные части речи. Предлог. Союз. Частицы КАТЕГОРИИ:
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LE VIN DU SOLITAIRE
Le regard singulier d'une femme galante Qui se glisse vers nous comme le rayon blanc Que la lune onduleuse envoie au lac tremblant, Quand elle y veut baigner sa beauté nonchalante;
Le dernier sac d'écus dans les doigts d'un joueur; Un baiser libertin de la maigre Adeline; Les sons d'une musique énervante et câline, Semblable au cri lointain de l'humaine douleur,
Tout cela ne vaut pas, ô bouteille profonde, Les baumes pénétrants que ta panse féconde Garde au cœur altéré du poète pieux;
Tu lui verses l'espoir, la jeunesse et la vie, — Et l'orgueil, ce trésor de toute gueuserie, Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux.
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CVIII LE VIN DES AMANTS
Aujourd'hui l'espace est splendide! Sans mors, sans éperons, sans bride, Partons à cheval sur le vin Pour un ciel féerique et divin!
Comme deux anges que torture Une implacable calenture, Dans le bleu cristal du matin Suivons le mirage lointain!
Mollement balancés sur l'aile Du tourbillon intelligent, Dans un délire parallèle,
Ma sœur, côte à côte nageant, Nous fuirons sans repos ni trêves Vers le paradis de mes rêves!
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FLEURS DU MAL
CIX LA DESTRUCTION
Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon; Il nage autour de moi comme un air impalpable; Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon Et l'emplit d'un désir éternel et coupable.
Parfois il prend, sachant mon grand amour de l'Art, La forme de la plus séduisante des femmes, Et, sous de spécieux prétextes de cafard, Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.
Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu, Haletant et brisé de fatigue, au milieu Des plaines de l'Ennui, profondes et désertes,
Et jette dans mes yeux pleins de confusion Des vêtements souillés, des blessures ouvertes, Et l'appareil sanglant de la Destruction!
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CX UNE MARTYRE
DESSIN D'UN MAÎTRE INCONNU
Au milieu des flacons, des étoffes lamées Et des meubles voluptueux, Des marbres, des tableaux, des robes parfumées Qui traînent à plis somptueux,
Dans une chambre tiède où, comme en une serre, L'air est dangereux et fatal, Où des bouquets mourants dans leurs cercueils de verre Exhalent leur soupir final,
Un cadavre sans tête épanche, comme un fleuve, Sur l'oreiller désaltéré Un sang rouge et vivant, dont la toile s'abreuve Avec l'avidité d'un pré.
Semblable aux visions pâles qu'enfante l'ombre Et qui nous enchaînent les yeux, La tête, avec l'amas de sa crinière sombre Et de ses bijoux précieux,
Sur la table de nuit, comme une renoncule, Repose; et, vide de pensers, Un regard vague et blanc comme le crépuscule S'échappe des yeux révulsés.
Sur le lit, le tronc nu sans scrupules étale Dans le plus complet abandon La secrète splendeur et la beauté fatale Dont la nature lui fit don;
Un bas rosâtre, orné de coins d'or, à la jambe, Comme un souvenir est resté; La jarretière, ainsi qu'un œil secret qui flambe, Darde un regard diamanté.
Le singulier aspect de cette solitude Et d'un grand portrait langoureux, Aux yeux provocateurs comme son attitude, Révèle un amour ténébreux,
Une coupable joie et des fêtes étranges Pleines de baisers infernaux, Dont se réjouissait l'essaim des mauvais anges Nageant dans les plis des rideaux;
Et cependant, à voir la maigreur élégante De l'épaule au contour heurté, La hanche un peu pointue et la taille fringante Ainsi qu'un reptile irrité,
Elle est bien jeune encore! — son âme exaspérée Et ses sens par l'ennui mordus S'étaient-ils entr'ouverts à la meute altérée Des désirs errants et perdus?
L'homme vindicatif que tu n'as pu, vivante, Malgré tant d'amour, assouvir, Combla-t-il sur ta chair inerte et complaisante L'immensité de son désir?
Réponds, cadavre impur! Et par tes tresses roides Te soulevant d'un bras fiévreux, Dis-moi, tête effrayante, a-t-il sur tes dents froides Collé les suprêmes adieux?
— Loin du monde railleur, loin de la foule impure, Loin des magistrats curieux, Dors en paix, dors en paix, étrange créature, Dans ton tombeau mystérieux;
Ton époux court le monde, et ta forme immortelle Veille près de lui quand il dort; Autant que toi sans doute il te sera fidèle, Et constant jusques à la mort.
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CXI FEMMES DAMNÉES
Comme un bétail pensif sur le sable couchées, Elles tournent leurs yeux vers l'horizon des mers, Et leurs pieds se cherchent et leurs mains rapprochées Ont de douces langueurs et des frissons amers.
Les unes, cœurs épris des longues confidences, Dans le fond des bosquets où jasent les ruisseaux, Vont épelant l'amour des craintives enfances Et creusent le bois vert des jeunes arbrisseaux;
D'autres, comme des sœurs, marchent lentes et graves À travers les rochers pleins d'apparitions, Où Saint Antoine a vu surgir comme des laves Les seins nus et pourprés de ses tentations;
Il en est, aux lueurs des résines croulantes, Qui dans le creux muet des vieux antres païens T'appellent au secours de leurs fièvres hurlantes, Ô Bacchus, endormeur des remords anciens!
Et d'autres, dont la gorge aime les scapulaires, Qui, recelant un fouet sous leurs longs vêtements, Mêlent, dans le bois sombre et les nuits solitaires, L'écume du plaisir aux larmes des tourments.
Ô vierges, ô démons, ô monstres, ô martyres, De la réalité grands esprits contempteurs, Chercheuses d'infini, dévotes et satyres, Tantôt pleines de cris, tantôt pleines de pleurs,
Vous que dans votre enfer mon âme a poursuivies, Pauvres sœurs, je vous aime autant que je vous plains, Pour vos mornes douleurs, vos soifs inassouvies, Et les urnes d'amour dont vos grands cœurs sont pleins!
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CXII LES DEUX BONNES SŒURS
La Débauche et la Mort sont deux aimables filles, Prodigues de baisers et riches de santé, Dont le flanc toujours vierge et drapé de guenilles Sous l'éternel labeur n'a jamais enfanté.
Au poète sinistre, ennemi des familles, Favori de l'enfer, courtisan mal renté, Tombeaux et lupanars montrent sous leurs charmilles Un lit que le remords n'a jamais fréquenté.
Et la bière et l'alcôve en blasphèmes fécondes Nous offrent tour à tour, comme deux bonnes sœurs, De terribles plaisirs et d'affreuses douceurs.
Quand veux-tu m'enterrer, Débauche aux bras immondes? Ô Mort, quand viendras-tu, sa rivale en attraits, Sur ses myrtes infects enter tes noirs cyprès?
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