ÒÎÐ 5 ñòàòåé: Ìåòîäè÷åñêèå ïîäõîäû ê àíàëèçó ôèíàíñîâîãî ñîñòîÿíèÿ ïðåäïðèÿòèÿ Ïðîáëåìà ïåðèîäèçàöèè ðóññêîé ëèòåðàòóðû ÕÕ âåêà. Êðàòêàÿ õàðàêòåðèñòèêà âòîðîé ïîëîâèíû ÕÕ âåêà Õàðàêòåðèñòèêà øëèôîâàëüíûõ êðóãîâ è åå ìàðêèðîâêà Ñëóæåáíûå ÷àñòè ðå÷è. Ïðåäëîã. Ñîþç. ×àñòèöû ÊÀÒÅÃÎÐÈÈ:
|
Chapitre I Buvard, bavardQu’est-ce que les convulsions d’une ville auprès des émeutes de l’âme? L’homme est une profondeur plus grande encore que le peuple. Jean Valjean, en ce moment-là même, était en proie à un soulèvement effrayants Tous les gouffres s’étaient rouverts en lui. Lui aussi frissonnait, comme Paris, au seuil d’une révolution formidable et obscure. Quelques heures avaient suffi. Sa destinée et sa conscience s’étaient brusquement couvertes d’ombre. De lui aussi, comme de Paris, on pouvait dire: les deux principes sont en présence. L’ange blanc et l’ange noir vont se saisir corps à corps sur le pont de l’abîme. Lequel des deux précipitera l’autre? Qui l’emportera?
La veille de ce même jour 5 juin, Jean Valjean, accompagné de Cosette et de Toussaint, s’était installé rue de l’Homme-Armé. Une péripétie l’y attendait.
Cosette n’avait pas quitté la rue Plumet sans un essai de résistance. Pour la première fois depuis qu’ils existaient côte à côte, la volonté de Cosette et la volonté de Jean Valjean s’étaient montrées distinctes, et s’étaient, sinon heurtées, du moins contredites. Il y avait eu objection d’un côté et inflexibilité de l’autre. Le brusque conseil: déménagez, jeté par un inconnu à Jean Valjean, l’avait alarmé au point de le rendre absolu. Il se croyait dépisté et poursuivi. Cosette avait dû céder.
Tous deux étaient arrivés rue de l’Homme-Armé sans desserrer les dents et sans se dire un mot, absorbés chacun dans leur préoccupation personnelle; Jean Valjean si inquiet qu’il ne voyait pas la tristesse de Cosette, Cosette si triste qu’elle ne voyait pas l’inquiétude de Jean Valjean.
Jean Valjean avait emmené Toussaint, ce qu’il n’avait jamais fait dans ses précédentes absences. Il entrevoyait qu’il ne reviendrait peut-être pas rue Plumet, et il ne pouvait ni laisser Toussaint derrière lui, ni lui dire son secret. D’ailleurs il la sentait dévouée et sûre. De domestique à maître, la trahison commence par la curiosité. Or, Toussaint, comme si elle eût été prédestinée à être la servante de Jean Valjean, n’était pas curieuse. Elle disait à travers son bégayement, dans son parler de paysanne de Barneville: Je suis de même de même; je chose mon fait; le demeurant n’est pas mon travail. (Je suis ainsi; je fais ma besogne; le reste n’est pas mon affaire.)
Dans ce départ de la rue Plumet, qui avait été presque une fuite, Jean Valjean n’avait rien emporté que la petite valise embaumée baptisée par Cosette l’inséparable. Des malles pleines eussent exigé des commissionnaires, et des commissionnaires sont des témoins. On avait fait venir un fiacre à la porte de la rue de Babylone, et l’on s’en était allé.
C’est à grand’peine que Toussaint avait obtenu la permission d’empaqueter un peu de linge et de vêtements et quelques objets de toilette. Cosette, elle, n’avait emporté que sa papeterie et son buvard.
Jean Valjean, pour accroître la solitude et l’ombre de cette disparition, s’était arrangé de façon à ne quitter le pavillon de la rue Plumet qu’à la chute du jour, ce qui avait laissé à Cosette le temps d’écrire son billet à Marius. On était arrivé rue de l’Homme-Armé à la nuit close.
On s’était couché silencieusement.
Le logement de la rue de l’Homme-Armé était situé dans une arrière-cour, à un deuxième étage, et composé de deux chambres à coucher, d’une salle à manger et d’une cuisine attenante à la salle à manger, avec soupente où il y avait un lit de sangle qui échut à Toussaint. La salle à manger était en même temps l’antichambre et séparait les deux chambres à coucher. L’appartement était pourvu des ustensiles nécessaires.
On se rassure presque aussi follement qu’on s’inquiète; la nature humaine est ainsi. À peine Jean Valjean fut-il rue de l’Homme-Armé que son anxiété s’éclaircit, et, par degrés, se dissipa. Il y a des lieux calmants qui agissent en quelque sorte mécaniquement sur l’esprit. Rue obscure, habitants paisibles. Jean Valjean sentit on ne sait quelle contagion de tranquillité dans cette ruelle de l’ancien Paris, si étroite qu’elle est barrée aux voitures par un madrier transversal posé sur deux poteaux, muette et sourde au milieu de la ville en rumeur, crépusculaire en plein jour, et, pour ainsi dire, incapable d’émotions entre ses deux rangées de hautes maisons centenaires qui se taisent comme des vieillards qu’elles sont. Il y a dans cette rue de l’oubli stagnant. Jean Valjean y respira. Le moyen qu’on pût le trouver là?
Son premier soin fut de mettre l’inséparable à côté de lui.
Il dormit bien. La nuit conseille, on peut ajouter: la nuit apaise. Le lendemain matin, il s’éveilla presque gai. Il trouva charmante la salle à manger qui était hideuse, meublée d’une vieille table ronde, d’un buffet bas que surmontait un miroir penché, d’un fauteuil vermoulu et de quelques chaises encombrées des paquets de Toussaint. Dans un de ces paquets, on apercevait par un hiatus l’uniforme de garde national de Jean Valjean.
Quant à Cosette, elle s’était fait apporter par Toussaint un bouillon dans sa chambre, et ne parut que le soir.
Vers cinq heures, Toussaint, qui allait et venait, très occupée de ce petit emménagement, avait mis sur la table de la salle à manger une volaille froide que Cosette, par déférence pour son père, avait consenti à regarder.
Cela fait, Cosette, prétextant une migraine persistante, avait dit bonsoir à Jean Valjean et s’était enfermée dans sa chambre à coucher. Jean Valjean avait mangé une aile de poulet avec appétit, et accoudé sur la table, rasséréné peu à peu, rentrait en possession de sa sécurité.
Pendant qu’il faisait ce sobre dîner, il avait perçu confusément, à deux ou trois reprises, le bégayement de Toussaint qui lui disait: – Monsieur, il y a du train, on se bat dans Paris. Mais, absorbé dans une foule de combinaisons intérieures, il n’y avait point pris garde. À vrai dire, il n’avait pas entendu.
Il se leva, et se mit à marcher de la fenêtre à la porte et de la porte à la fenêtre, de plus en plus apaisé.
Avec le calme, Cosette, sa préoccupation unique, revenait dans sa pensée. Non qu’il s’émût de cette migraine, petite crise de nerfs, bouderie de jeune fille, nuage d’un moment, il n’y paraîtrait pas dans un jour ou deux; mais il songeait à l’avenir, et, comme d’habitude, il y songeait avec douceur. Après tout, il ne voyait aucun obstacle à ce que la vie heureuse reprît son cours. À de certaines heures, tout semble impossible; à d’autres heures, tout paraît aisé; Jean Valjean était dans une de ces bonnes heures. Elles viennent d’ordinaire après les mauvaises, comme le jour après la nuit, par cette loi de succession et de contraste qui est le fond même de la nature et que les esprits superficiels appellent antithèse. Dans cette paisible rue où il se réfugiait, Jean Valjean se dégageait de tout ce qui l’avait troublé depuis quelque temps. Par cela même qu’il avait vu beaucoup de ténèbres, il commençait à apercevoir un peu d’azur. Avoir quitté la rue Plumet sans complication et sans incident, c’était déjà un bon pas de fait. Peut-être serait-il sage de se dépayser, ne fût-ce que pour quelques mois, et d’aller à Londres. Eh bien, on irait. Être en France, être en Angleterre, qu’est-ce que cela faisait, pourvu qu’il eût près de lui Cosette? Cosette était sa nation. Cosette suffisait à son bonheur; l’idée qu’il ne suffisait peut-être pas, lui, au bonheur de Cosette, cette idée, qui avait été autrefois sa fièvre et son insomnie, ne se présentait même pas à son esprit. Il était dans le collapsus de toutes ses douleurs passées, et en plein optimisme. Cosette, étant près de lui, lui semblait à lui; effet d’optique que tout le monde a éprouvé. Il arrangeait en lui-même, et avec toutes sortes de facilités, le départ pour l’Angleterre avec Cosette, et il voyait sa félicité se reconstruire n’importe où dans les perspectives de sa rêverie.
Tout en marchant de long en large à pas lents, son regard rencontra tout à coup quelque chose d’étrange.
Il aperçut en face de lui, dans le miroir incliné qui surmontait le buffet, et il lut distinctement les quatre lignes que voici:
«Mon bien-aimé, hélas! mon père veut que nous partions tout de suite. Nous serons ce soir rue de l’Homme-Armé, n° 7. Dans huit jours nous serons à Londres. COSETTE. 4 juin.»
Jean Valjean s’arrêta hagard.
Cosette en arrivant avait posé son buvard sur le buffet devant le miroir, et, toute à sa douloureuse angoisse, l’avait oublié là, sans même remarquer qu’elle le laissait tout ouvert, et ouvert précisément à la page sur laquelle elle avait appuyé, pour les sécher, les quatre lignes écrites par elle et dont elle avait chargé le jeune ouvrier passant rue Plumet. L’écriture s’était imprimée sur le buvard.
Le miroir reflétait l’écriture.
Il en résultait ce qu’on appelle en géométrie l’image symétrique; de telle sorte que l’écriture renversée sur le buvard s’offrait redressée dans le miroir et présentait son sens naturel; et Jean Valjean avait sous les yeux la lettre écrite la veille par Cosette à Marius.
C’était simple et foudroyant.
Jean Valjean alla au miroir. Il relut les quatre lignes, mais il n’y crut point. Elles lui faisaient l’effet d’apparaître dans de la lueur d’éclair. C’était une hallucination. Cela était impossible. Cela n’était pas.
Peu à peu sa perception devint plus précise; il regarda le buvard de Cosette, et le sentiment du fait réel lui revint. Il prit le buvard et dit: Cela vient de là. Il examina fiévreusement les quatre lignes imprimées sur le buvard, le renversement des lettres en faisait un griffonnage bizarre, et il n’y vit aucun sens. Alors il se dit: Mais cela ne signifie rien, il n’y a rien d’écrit là. Et il respira à pleine poitrine avec un inexprimable soulagement. Qui n’a pas eu de ces joies bêtes dans les instants horribles? L’âme ne se rend pas au désespoir sans avoir épuisé toutes les illusions.
Il tenait le buvard à la main et le contemplait, stupidement heureux, presque prêt à rire de l’hallucination dont il avait été dupe. Tout à coup ses yeux retombèrent sur le miroir, et il revit la vision. Les quatre lignes s’y dessinaient avec une netteté inexorable. Cette fois ce n’était pas un mirage. La récidive d’une vision est une réalité, c’était palpable, c’était l’écriture redressée dans le miroir. Il comprit.
Jean Valjean chancela, laissa échapper le buvard, et s’affaissa dans le vieux fauteuil à côté du buffet, la tête tombante, la prunelle vitreuse, égaré. Il se dit que c’était évident, et que la lumière du monde était à jamais éclipsée, et que Cosette avait écrit cela à quelqu’un. Alors il entendit son âme, redevenue terrible, pousser dans les ténèbres un sourd rugissement. Allez donc ôter au lion le chien qu’il a dans sa cage!
Chose bizarre et triste, en ce moment-là, Marius n’avait pas encore la lettre de Cosette; le hasard l’avait portée en traître à Jean Valjean avant de la remettre à Marius.
Jean Valjean jusqu’à ce jour n’avait pas été vaincu par l’épreuve. Il avait été soumis à des essais affreux; pas une voie de fait de la mauvaise fortune ne lui avait été épargnée; la férocité du sort, armée de toutes les vindictes et de toutes les méprises sociales, l’avait pris pour sujet et s’était acharnée sur lui. Il n’avait reculé ni fléchi devant rien. Il avait accepté, quand il l’avait fallu, toutes les extrémités; il avait sacrifié son inviolabilité d’homme reconquise, livré sa liberté, risqué sa tête, tout perdu, tout souffert, et il était resté désintéressé et stoïque, au point que par moments on aurait pu le croire absent de lui-même comme un martyr. Sa conscience, aguerrie à tous les assauts possibles de l’adversité, pouvait sembler à jamais imprenable. Eh bien, quelqu’un qui eût vu son for intérieur eût été forcé de constater qu’à cette heure elle faiblissait.
C’est que de toutes les tortures qu’il avait subies dans cette longue question que lui donnait la destinée, celle-ci était la plus redoutable. Jamais pareille tenaille ne l’avait saisi. Il sentit le remuement mystérieux de toutes les sensibilités latentes. Il sentit le pincement de la fibre inconnue. Hélas, l’épreuve suprême, disons mieux, l’épreuve unique, c’est la perte de l’être aimé.
Le pauvre vieux Jean Valjean n’aimait, certes, pas Cosette autrement que comme un père; mais, nous l’avons fait remarquer plus haut, dans cette paternité la viduité même de sa vie avait introduit tous les amours; il aimait Cosette comme sa fille, et il l’aimait comme sa mère, et il l’aimait comme sa sœur; et, comme il n’avait jamais eu ni amante ni épouse, comme la nature est un créancier qui n’accepte aucun protêt, ce sentiment-là aussi, le plus imperdable de tous, était mêlé aux autres, vague, ignorant, pur de la pureté de l’aveuglement, inconscient, céleste, angélique, divin; moins comme un sentiment que comme un instinct, moins comme un instinct que comme un attrait, imperceptible et invisible, mais réel; et l’amour proprement dit était dans sa tendresse énorme pour Cosette comme le filon d’or est dans la montagne, ténébreux et vierge.
Qu’on se rappelle cette situation de cœur que nous avons indiquée déjà. Aucun mariage n’était possible entre eux, pas même celui des âmes; et cependant il est certain que leurs destinées s’étaient épousées. Excepté Cosette, c’est-à-dire excepté une enfance, Jean Valjean n’avait, dans toute sa longue vie, rien connu de ce qu’on peut aimer. Les passions et les amours qui se succèdent n’avaient point fait en lui de ces verts successifs, vert tendre sur vert sombre, qu’on remarque sur les feuillages qui passent l’hiver et sur les hommes qui passent la cinquantaine. En somme, et nous y avons plus d’une fois insisté, toute cette fusion intérieure, tout cet ensemble, dont la résultante était une haute vertu, aboutissait à faire de Jean Valjean un père pour Cosette. Père étrange forgé de l’aïeul, du fils, du frère et du mari qu’il y avait dans Jean Valjean; père dans lequel il y avait même une mère; père qui aimait Cosette et qui l’adorait, et qui avait cette enfant pour lumière, pour demeure, pour famille, pour patrie, pour paradis.
Aussi, quand il vit que c’était décidément fini, qu’elle lui échappait, qu’elle glissait de ses mains, qu’elle se dérobait, que c’était du nuage, que c’était de l’eau, quand il eut devant les yeux cette évidence écrasante: un autre est le but de son cœur, un autre est le souhait de sa vie; il y a le bien-aimé, je ne suis que le père; je n’existe plus; quand il ne put plus douter, quand il se dit: Elle s’en va hors de moi! la douleur qu’il éprouva dépassa le possible. Avoir fait tout ce qu’il avait fait pour en venir là! et, quoi donc! n’être rien! Alors, comme nous venons de le dire, il eut de la tête aux pieds un frémissement de révolte. Il sentit jusque dans la racine de ses cheveux l’immense réveil de l’égoïsme, et le moi hurla dans l’abîme de cet homme.
Il y a des effondrements intérieurs. La pénétration d’une certitude désespérante dans l’homme ne se fait point sans écarter et rompre de certains éléments profonds qui sont quelquefois l’homme lui-même. La douleur, quand elle arrive à ce degré, est un sauve-qui-peut de toutes les forces de la conscience. Ce sont là des crises fatales. Peu d’entre nous en sortent semblables à eux-mêmes et fermes dans le devoir. Quand la limite de la souffrance est débordée, la vertu la plus imperturbable se déconcerte. Jean Valjean reprit le buvard, et se convainquit de nouveau; il resta penché et comme pétrifié sur les quatre lignes irrécusables, l’œil fixe; et il se fit en lui un tel nuage qu’on eût pu croire que tout le dedans de cette âme s’écroulait.
Il examina cette révélation, à travers les grossissements de la rêverie, avec un calme apparent et effrayant, car c’est une chose redoutable quand le calme de l’homme arrive à la froideur de la statue.
Il mesura le pas épouvantable que sa destinée avait fait sans qu’il s’en doutât; il se rappela ses craintes de l’autre été, si follement dissipées; il reconnut le précipice; c’était toujours le même; seulement Jean Valjean n’était plus au seuil, il était au fond.
Chose inouïe et poignante, il y était tombé sans s’en apercevoir. Toute la lumière de sa vie s’en était allée, lui croyant voir toujours le soleil.
Son instinct n’hésita point. Il rapprocha certaines circonstances, certaines dates, certaines rougeurs et certaines pâleurs de Cosette, et il se dit: C’est lui. La divination du désespoir est une sorte d’arc mystérieux qui ne manque jamais son coup. Dès sa première conjecture, il atteignit Marius. Il ne savait pas le nom, mais il trouva tout de suite l’homme. Il aperçut distinctement, au fond de l’implacable évocation du souvenir, le rôdeur inconnu du Luxembourg, ce misérable chercheur d’amourettes, ce fainéant de romance, cet imbécile, ce lâche, car c’est une lâcheté de venir faire les yeux doux à des filles qui ont à côté d’elles leur père qui les aime.
Après qu’il eut bien constaté qu’au fond de cette situation il y avait ce jeune homme, et que tout venait de là, lui, Jean Valjean, l’homme régénéré, l’homme qui avait tant travaillé à son âme, l’homme qui avait fait tant d’efforts pour résoudre toute la vie, toute la misère et tout le malheur en amour, il regarda en lui-même et il y vit un spectre, la Haine.
Les grandes douleurs contiennent de l’accablement. Elles découragent d’être. L’homme chez lequel elles entrent sent quelque chose se retirer de lui. Dans la jeunesse, leur visite est lugubre; plus tard, elle est sinistre. Hélas, quand le sang est chaud, quand les cheveux sont noirs, quand la tête est droite sur le corps comme la flamme sur le flambeau, quand le rouleau de la destinée a encore presque toute son épaisseur, quand le cœur, plein d’un amour désirable, a encore des battements qu’on peut lui rendre, quand on a devant soi le temps de réparer, quand toutes les femmes sont là, et tous les sourires, et tout l’avenir, et tout l’horizon, quand la force de la vie est complète, si c’est une chose effroyable que le désespoir, qu’est-ce donc dans la vieillesse, quand les années se précipitent de plus en plus blêmissantes, à cette heure crépusculaire où l’on commence à voir les étoiles de la tombe!
Tandis qu’il songeait, Toussaint entra, Jean Valjean se leva, et lui demanda:
– De quel côté est-ce? savez-vous?
Toussaint, stupéfaite, ne put que lui répondre:
– Plaît-il?
Jean Valjean reprit:
– Ne m’avez-vous pas dit tout à l’heure qu’on se bat?
– Ah! oui, monsieur, répondit Toussaint. C’est du côté de Saint-Merry.
Il y a tel mouvement machinal qui nous vient, à notre insu même, de notre pensée la plus profonde. Ce fut sans doute sous l’impulsion d’un mouvement de ce genre, et dont il avait à peine conscience, que Jean Valjean se trouva cinq minutes après dans la rue.
Il était nu-tête, assis sur la borne de la porte de sa maison. Il semblait écouter.
La nuit était venue.
Íå íàøëè, ÷òî èñêàëè? Âîñïîëüçóéòåñü ïîèñêîì:
|