ÒÎÐ 5 ñòàòåé: Ìåòîäè÷åñêèå ïîäõîäû ê àíàëèçó ôèíàíñîâîãî ñîñòîÿíèÿ ïðåäïðèÿòèÿ Ïðîáëåìà ïåðèîäèçàöèè ðóññêîé ëèòåðàòóðû ÕÕ âåêà. Êðàòêàÿ õàðàêòåðèñòèêà âòîðîé ïîëîâèíû ÕÕ âåêà Õàðàêòåðèñòèêà øëèôîâàëüíûõ êðóãîâ è åå ìàðêèðîâêà Ñëóæåáíûå ÷àñòè ðå÷è. Ïðåäëîã. Ñîþç. ×àñòèöû ÊÀÒÅÃÎÐÈÈ:
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Chapitre VII La situation s’aggraveLe jour croissait rapidement. Mais pas une fenêtre ne s’ouvrait, pas une porte ne s’entre-bâillait; c’était l’aurore, non le réveil. L’extrémité de la rue de la Chanvrerie opposée à la barricade avait été évacuée par les troupes, comme nous l’avons dit; elle semblait libre et s’ouvrait aux passants avec une tranquillité sinistre. La rue Saint-Denis était muette comme l’avenue des Sphinx à Thèbes. Pas un être vivant dans les carrefours que blanchissait un reflet de soleil. Rien n’est lugubre comme cette clarté des rues désertes.
On ne voyait rien, mais on entendait. Il se faisait à une certaine distance un mouvement mystérieux. Il était évident que l’instant critique arrivait. Comme la veille au soir les vedettes se replièrent; mais cette fois toutes.
La barricade était plus forte que lors de la première attaque. Depuis le départ des cinq, on l’avait exhaussée encore.
Sur l’avis de la vedette qui avait observé la région des halles, Enjolras, de peur d’une surprise par derrière, prit une résolution grave. Il fit barricader le petit boyau de la ruelle Mondétour resté libre jusqu’alors. On dépava pour cela quelques longueurs de maisons de plus. De cette façon, la barricade, murée sur trois rues, en avant sur la rue de la Chanvrerie, à gauche sur la rue du Cygne et de la Petite-Truanderie, à droite sur la rue Mondétour, était vraiment presque inexpugnable; il est vrai qu’on y était fatalement enfermé. Elle avait trois fronts, mais n’avait plus d’issue. – Forteresse, mais souricière, dit Courfeyrac en riant.
Enjolras fit entasser près de la porte du cabaret une trentaine de pavés, «arrachés de trop», disait Bossuet.
Le silence était maintenant si profond du côté d’où l’attaque devait venir qu’Enjolras fit reprendre à chacun le poste de combat.
On distribua à tous une ration d’eau-de-vie.
Rien n’est plus curieux qu’une barricade qui se prépare à un assaut. Chacun choisit sa place comme au spectacle. On s’accote, on s’accoude, on s’épaule. Il y en a qui se font des stalles avec des pavés. Voilà un coin de mur qui gêne, on s’en éloigne; voici un redan qui peut protéger, on s’y abrite. Les gauchers sont précieux; ils prennent les places incommodes aux autres. Beaucoup s’arrangent pour combattre assis. On veut être à l’aise pour tuer et confortablement pour mourir. Dans la funeste guerre de juin 1848, un insurgé qui avait un tir redoutable et qui se battait du haut d’une terrasse sur un toit, s’y était fait apporter un fauteuil Voltaire; un coup de mitraille vint l’y trouver.
Sitôt que le chef a commandé le branle-bas de combat, tous les mouvements désordonnés cessent; plus de tiraillements de l’un à l’autre; plus de coteries; plus d’aparté; plus de bande à part; tout ce qui est dans les esprits converge et se change en attente de l’assaillant. Une barricade avant le danger, chaos; dans le danger, discipline. Le péril fait l’ordre.
Dès qu’Enjolras eut pris sa carabine à deux coups et se fut placé à une espèce de créneau qu’il s’était réservé, tous se turent. Un pétillement de petits bruits secs retentit confusément le long de la muraille de pavés. C’était les fusils qu’on armait.
Du reste, les attitudes étaient plus fières et plus confiantes que jamais; l’excès du sacrifice est un affermissement; ils n’avaient plus l’espérance, mais ils avaient le désespoir. Le désespoir, dernière arme, qui donne la victoire quelquefois; Virgile l’a dit[15]. Les ressources suprêmes sortent des résolutions extrêmes. S’embarquer dans la mort, c’est parfois le moyen d’échapper au naufrage; et le couvercle du cercueil devient une planche de salut.
Comme la veille au soir, toutes les attentions étaient tournées, et on pourrait presque dire appuyées, sur le bout de la rue, maintenant éclairé et visible.
L’attente ne fut pas longue. Le remuement recommença distinctement du côté de Saint-Leu, mais cela ne ressemblait pas au mouvement de la première attaque. Un clapotement de chaînes, le cahotement inquiétant d’une masse, un cliquetis d’airain sautant sur le pavé, une sorte de fracas solennel, annoncèrent qu’une ferraille sinistre s’approchait. Il y eut un tressaillement dans les entrailles de ces vieilles rues paisibles, percées et bâties pour la circulation féconde des intérêts et des idées, et qui ne sont pas faites pour le roulement monstrueux des roues de la guerre.
La fixité des prunelles de tous les combattants sur l’extrémité de la rue devint farouche.
Une pièce de canon apparut.
Les artilleurs poussaient la pièce; elle était dans son encastrement de tir; l’avant-train avait été détaché; deux soutenaient l’affût, quatre étaient aux roues, d’autres suivaient avec le caisson. On voyait la mèche allumée.
– Feu! cria Enjolras.
Toute la barricade fit feu, la détonation fut effroyable; une avalanche de fumée couvrit et effaça la pièce et les hommes; après quelques secondes le nuage se dissipa, et le canon et les hommes reparurent; les servants de la pièce achevaient de la rouler en face de la barricade lentement, correctement, et sans se hâter. Pas un n’était atteint. Puis le chef de pièce, pesant sur la culasse pour élever le tir, se mit à pointer le canon avec la gravité d’un astronome qui braque une lunette.
– Bravo les canonniers! cria Bossuet.
Et toute la barricade battit des mains.
Un moment après, carrément posée au beau milieu de la rue, à cheval sur le ruisseau, la pièce était en batterie. Une gueule formidable était ouverte sur la barricade.
– Allons, gai! fit Courfeyrac. Voilà le brutal. Après la chiquenaude, le coup de poing. L’armée étend vers nous sa grosse patte. La barricade va être sérieusement secouée. La fusillade tâte, le canon prend.
– C’est une pièce de huit, nouveau modèle, en bronze, ajouta Combeferre. Ces pièces-là, pour peu qu’on dépasse la proportion de dix parties d’étain sur cent de cuivre, sont sujettes à éclater. L’excès d’étain les fait trop tendres. Il arrive alors qu’elles ont des caves et des chambres dans la lumière. Pour obvier à ce danger et pouvoir forcer la charge, il faudrait peut-être en revenir au procédé du quatorzième siècle, le cerclage, et émenaucher extérieurement la pièce d’une suite d’anneaux d’acier sans soudure, depuis la culasse jusqu’au tourillon. En attendant, on remédie comme on peut au défaut; on parvient à reconnaître où sont les trous et les caves dans la lumière d’un canon au moyen du chat. Mais il y a un meilleur moyen, c’est l’étoile mobile de Gribeauval.
– Au seizième siècle, observa Bossuet, on rayait les canons.
– Oui, répondit Combeferre, cela augmente la puissance balistique, mais diminue la justesse de tir. En outre, dans le tir à courte distance, la trajectoire n’a pas toute la roideur désirable, la parabole s’exagère, le chemin du projectile n’est plus assez rectiligne pour qu’il puisse frapper tous les objets intermédiaires, nécessité de combat pourtant, dont l’importance croît avec la proximité de l’ennemi et la précipitation du tir. Ce défaut de tension de la courbe du projectile dans les canons rayés du seizième siècle tenait à la faiblesse de la charge; les faibles charges, pour cette espèce d’engins, sont imposées par des nécessités balistiques, telles, par exemple, que la conservation des affûts. En somme, le canon, ce despote, ne peut pas tout ce qu’il veut; la force est une grosse faiblesse. Un boulet de canon ne fait que six cents lieues par heure; la lumière fait soixante-dix mille lieues par seconde. Telle est la supériorité de Jésus-Christ sur Napoléon.
– Rechargez les armes, dit Enjolras.
De quelle façon le revêtement de la barricade allait-il se comporter sous le boulet? Le coup ferait-il brèche? Là était la question. Pendant que les insurgés rechargeaient les fusils, les artilleurs chargeaient le canon.
L’anxiété était profonde dans la redoute.
Le coup partit, la détonation éclata.
– Présent! cria une voix joyeuse.
Et en même temps que le boulet sur la barricade, Gavroche s’abattit dedans.
Il arrivait du côté de la rue du Cygne et il avait lestement enjambé la barricade accessoire qui faisait front au dédale de la Petite-Truanderie.
Gavroche fit plus d’effet dans la barricade que le boulet.
Le boulet s’était perdu dans le fouillis des décombres. Il avait tout au plus brisé une roue de l’omnibus, et achevé la vieille charrette Anceau. Ce que voyant, la barricade se mit à rire.
– Continuez, cria Bossuet aux artilleurs.
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