![]() ТОР 5 статей: Методические подходы к анализу финансового состояния предприятия Проблема периодизации русской литературы ХХ века. Краткая характеристика второй половины ХХ века Характеристика шлифовальных кругов и ее маркировка Служебные части речи. Предлог. Союз. Частицы КАТЕГОРИИ:
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Chapitre VII Stratйgie et tactiqueMarius, la poitrine oppressйe, allait redescendre de l’espиce d’observatoire qu’il s’йtait improvisй, quand un bruit attira son attention et le fit rester а sa place.
La porte du galetas venait de s’ouvrir brusquement.
La fille aоnйe parut sur le seuil.
Elle avait aux pieds de gros souliers d’homme tachйs de boue qui avait jailli jusque sur ses chevilles rouges, et elle йtait couverte d’une vieille mante en lambeaux que Marius ne lui avait pas vue une heure auparavant, mais qu’elle avait probablement dйposйe а sa porte afin d’inspirer plus de pitiй, et qu’elle avait dы reprendre en sortant. Elle entra, repoussa la porte derriиre elle, s’arrкta pour reprendre haleine, car elle йtait tout essoufflйe, puis cria avec une expression de triomphe et de joie:
– Il vient!
Le pиre tourna les yeux, la femme tourna la tкte, la petite sњur ne bougea pas.
– Qui? demanda le pиre.
– Le monsieur!
– Le philanthrope?
– Oui.
– De l’йglise Saint-Jacques?
– Oui.
– Ce vieux?
– Oui.
– Et il va venir?
– Il me suit.
– Tu es sыre?
– Je suis sыre.
– Lа, vrai, il vient?
– Il vient en fiacre.
– En fiacre. C’est Rothschild!
Le pиre se leva.
– Comment es-tu sыre? s’il vient en fiacre, comment se fait-il que tu arrives avant lui? Lui as-tu bien donnй l’adresse au moins? lui as-tu bien dit la derniиre porte au fond du corridor а droite? Pourvu qu’il ne se trompe pas! Tu l’as donc trouvй а l’йglise? a-t-il lu ma lettre? qu’est-ce qu’il t’a dit?
– Ta, ta, ta! dit la fille, comme tu galopes, bonhomme! Voici: je suis entrйe dans l’йglise, il йtait а sa place d’habitude, je lui ai fait la rйvйrence, et je lui ai remis la lettre, il a lu, et il m’a dit: Oщ demeurez-vous, mon enfant? J’ai dit: Monsieur, je vas vous mener. Il m’a dit: Non, donnez-moi votre adresse, ma fille a des emplettes а faire, je vais prendre une voiture, et j’arriverai chez vous en mкme temps que vous. Je lui ai donnй l’adresse. Quand je lui ait dit la maison, il a paru surpris et qu’il hйsitait un instant, puis il a dit: C’est йgal, j’irai. La messe finie, je l’ai vu sortir de l’йglise avec sa fille, je les ai vus monter en fiacre. Et je lui ai bien dit la derniиre porte au fond du corridor а droite.
– Et qu’est-ce qui te dit qu’il viendra?
– Je viens de voir le fiacre qui arrivait rue du Petit-Banquier. C’est ce qui fait que j’ai couru.
– Comment sais-tu que c’est le mкme fiacre?
– Parce que j’en avais remarquй le numйro donc!
– Quel est ce numйro?
– 440[129].
– Bien, tu es une fille d’esprit.
La fille regarda hardiment son pиre, et, montrant les chaussures qu’elle avait aux pieds: – Une fille d’esprit, c’est possible. Mais je dis que je ne mettrai plus ces souliers-lа, et que je n’en veux plus, pour la santй d’abord, et pour la propretй ensuite. Je ne connais rien de plus agaзant que des semelles qui jutent et qui font ghi, ghi, ghi, tout le long du chemin. J’aime mieux aller nu-pieds.
– Tu as raison, rйpondit le pиre d’un ton de douceur qui contrastait avec la rudesse de la jeune fille, mais c’est qu’on ne te laisserait pas entrer dans les йglises. Il faut que les pauvres aient des souliers. On ne va pas pieds nus chez le bon Dieu, ajouta-t-il amиrement. Puis revenant а l’objet qui le prйoccupait: – Et tu es sыre, lа, sыre, qu’il vient?
– Il est derriиre mes talons, dit-elle.
L’homme se dressa. Il y avait une sorte d’illumination sur son visage.
– Ma femme! cria-t-il, tu entends. Voilа le philanthrope. Йteins le feu.
La mиre stupйfaite ne bougea pas.
Le pиre, avec l’agilitй d’un saltimbanque, saisit un pot йgueulй qui йtait sur la cheminйe et jeta de l’eau sur les tisons.
Puis s’adressant а sa fille aоnйe:
– Toi! dйpaille la chaise!
Sa fille ne comprenait point.
Il empoigna la chaise et d’un coup de talon il en fit une chaise dйpaillйe. Sa jambe passa au travers.
Tout en retirant sa jambe, il demanda а sa fille:
– Fait-il froid?
– Trиs froid. Il neige.
Le pиre se tourna vers la cadette qui йtait sur le grabat prиs de la fenкtre et lui cria d’une voix tonnante:
– Vite! а bas du lit, fainйante! tu ne feras donc jamais rien! Casse un carreau!
La petite se jeta а bas du lit en frissonnant.
– Casse un carreau! reprit-il.
L’enfant demeura interdite.
– M’entends-tu? rйpйta le pиre, je te dis de casser un carreau!
L’enfant, avec une sorte d’obйissance terrifiйe, se dressa sur la pointe du pied, et donna un coup de poing dans un carreau. La vitre se brisa et tomba а grand bruit.
– Bien, dit le pиre.
Il йtait grave et brusque. Son regard parcourait rapidement tous les recoins du galetas.
On eыt dit un gйnйral qui fait les derniers prйparatifs au moment oщ la bataille va commencer.
La mиre, qui n’avait pas encore dit un mot, se souleva et demanda d’une voix lente et sourde et dont les paroles semblaient sortir comme figйes:
– Chйri, qu’est-ce que tu veux faire?
– Mets-toi au lit rйpondit l’homme.
L’intonation n’admettait pas de dйlibйration. La mиre obйit et se jeta lourdement sur un des grabats.
Cependant on entendait un sanglot dans un coin.
– Qu’est-ce que c’est? cria le pиre.
La fille cadette, sans sortir de l’ombre oщ elle s’йtait blottie, montra son poing ensanglantй. En brisant la vitre elle s’йtait blessйe; elle s’en йtait allйe prиs du grabat de sa mиre, et elle pleurait silencieusement.
Ce fut le tour de la mиre de se redresser et de crier:
– Tu vois bien! les bкtises que tu fais! en cassant ton carreau, elle s’est coupйe!
– Tant mieux! dit l’homme, c’йtait prйvu.
– Comment? tant mieux? reprit la femme.
– Paix! rйpliqua le pиre, je supprime la libertй de la presse.
Puis, dйchirant la chemise de femme qu’il avait sur le corps, il fit un lambeau de toile dont il enveloppa vivement le poignet sanglant de la petite.
Cela fait, son њil s’abaissa sur la chemise dйchirйe avec satisfaction.
– Et la chemise aussi, dit-il. Tout cela a bon air.
Une bise glacйe sifflait а la vitre et entrait dans la chambre. La brume du dehors y pйnйtrait et s’y dilatait comme une ouate blanchвtre vaguement dйmкlйe par des doigts invisibles. А travers le carreau cassй, on voyait tomber la neige. Le froid promis la veille par le soleil de la Chandeleur йtait en effet venu.
Le pиre promena un coup d’њil autour de lui comme pour s’assurer qu’il n’avait rien oubliй. Il prit une vieille pelle et rйpandit de la cendre sur les tisons mouillйs de faзon а les cacher complиtement.
Puis se relevant et s’adossant а la cheminйe:
– Maintenant, dit-il, nous pouvons recevoir le philanthrope.
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