![]() ТОР 5 статей: Методические подходы к анализу финансового состояния предприятия Проблема периодизации русской литературы ХХ века. Краткая характеристика второй половины ХХ века Характеристика шлифовальных кругов и ее маркировка Служебные части речи. Предлог. Союз. Частицы КАТЕГОРИИ:
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Chapitre IX Jondrette pleure presqueLe taudis йtait tellement obscur que les gens qui venaient du dehors йprouvaient en y pйnйtrant un effet d’entrйe de cave. Les deux nouveaux venus avancиrent donc avec une certaine hйsitation, distinguant а peine des formes vagues autour d’eux, tandis qu’ils йtaient parfaitement vus et examinйs par les yeux des habitants du galetas, accoutumйs а ce crйpuscule.
M. Leblanc s’approcha avec son regard bon et triste, et dit au pиre Jondrette:
– Monsieur, vous trouverez dans ce paquet des hardes neuves, des bas et des couvertures de laine.
– Notre angйlique bienfaiteur nous comble, dit Jondrette en s’inclinant jusqu’а terre. – Puis, se penchant а l’oreille de sa fille aоnйe, pendant que les deux visiteurs examinaient cet intйrieur lamentable, il ajouta bas et rapidement:
– Hein? qu’est-ce que je disais? des nippes! pas d’argent. Ils sont tous les mкmes! А propos, comment la lettre а cette vieille ganache йtait-elle signйe?
– Fabantou, rйpondit la fille.
– L’artiste dramatique, bon!
Bien en prit а Jondrette, car en ce moment-lа mкme M. Leblanc se retournait vers lui, et lui disait de cet air de quelqu’un qui cherche le nom:
– Je vois que vous кtes bien а plaindre, monsieur…
– Fabantou, rйpondit vivement Jondrette.
– Monsieur Fabantou, oui, c’est cela, je me rappelle.
– Artiste dramatique, monsieur, et qui a eu des succиs.
Ici Jondrette crut йvidemment le moment venu de s’emparer du «philanthrope». Il s’йcria avec un son de voix qui tenait tout а la fois de la gloriole du bateleur dans les foires et de l’humilitй du mendiant sur les grandes routes:
– Йlиve de Talma, monsieur! je suis йlиve de Talma! La fortune m’a souri jadis. Hйlas! maintenant c’est le tour du malheur. Voyez, mon bienfaiteur, pas de pain, pas de feu. Mes pauvres mфmes n’ont pas de feu! Mon unique chaise dйpaillйe! Un carreau cassй! par le temps qu’il fait! Mon йpouse au lit! malade!
– Pauvre femme! dit M. Leblanc.
– Mon enfant blessйe! ajouta Jondrette.
L’enfant, distraite par l’arrivйe des йtrangers, s’йtait mise а contempler «la demoiselle», et avait cessй de sangloter.
– Pleure donc! braille donc! lui dit Jondrette bas.
En mкme temps il lui pinзa sa main malade. Tout cela avec un talent d’escamoteur.
La petite jeta les hauts cris.
L’adorable jeune fille que Marius nommait dans son cњur «son Ursule» s’approcha vivement:
– Pauvre chиre enfant! dit-elle.
– Voyez, ma belle demoiselle, poursuivit Jondrette, son poignet ensanglantй! C’est un accident qui est arrivй en travaillant sous une mйcanique pour gagner six sous par jour. On sera peut-кtre obligй de lui couper le bras!
– Vraiment? dit le vieux monsieur alarmй.
La petite fille, prenant cette parole au sйrieux, se remit а sangloter de plus belle.
– Hйlas, oui, mon bienfaiteur! rйpondit le pиre.
Depuis quelques instants, Jondrette considйrait, «le philanthrope» d’une maniиre bizarre. Tout en parlant, il semblait le scruter avec attention comme s’il cherchait а recueillir des souvenirs. Tout а coup, profitant d’un moment oщ les nouveaux venus questionnaient avec intйrкt la petite sur sa main blessйe, il passa prиs de sa femme qui йtait dans son lit avec un air accablй et stupide, et lui dit vivement et trиs bas:
– Regarde donc cet homme-lа!
Puis se retournant vers M. Leblanc, et continuant sa lamentation:
– Voyez, monsieur! je n’ai, moi, pour tout vкtement qu’une chemise de ma femme! et toute dйchirйe! au cњur de l’hiver. Je ne puis sortir faute d’un habit. Si j’avais le moindre habit, j’irais voir mademoiselle Mars qui me connaоt et qui m’aime beaucoup. Ne demeure-t-elle pas toujours rue de la Tour-des-Dames? Savez-vous, monsieur? nous avons jouй ensemble en province. J’ai partagй ses lauriers. Cйlimиne viendrait а mon secours, monsieur! Elmire ferait l’aumфne а Bйlisaire! Mais non, rien! Et pas un sou dans la maison! Ma femme malade, pas un sou! Ma fille dangereusement blessйe, pas un sou! Mon йpouse a des йtouffements. C’est son вge, et puis le systиme nerveux s’en est mкlй. Il lui faudrait des secours, et а ma fille aussi! Mais le mйdecin! mais le pharmacien! comment payer? pas un liard! Je m’agenouillerais devant un dйcime, monsieur! Voilа oщ les arts en sont rйduits! Et savez-vous, ma charmante demoiselle, et vous, mon gйnйreux protecteur, savez-vous, vous qui respirez la vertu et la bontй, et qui parfumez cette йglise oщ ma pauvre fille en venant faire sa priиre vous aperзoit tous les jours?… Car j’йlиve mes filles dans la religion, monsieur. Je n’ai pas voulu qu’elles prissent le thйвtre. Ah! les drфlesses; que je les voie broncher! Je ne badine pas, moi! Je leur flanque des bouzins sur l’honneur, sur la morale, sur la vertu! Demandez-leur. Il faut que зa marche droit. Elles ont un pиre. Ce ne sont pas de ces malheureuses qui commencent par n’avoir pas de famille et qui finissent par йpouser le public. On est mamselle Personne, on devient madame Tout-le-Monde. Crebleur! pas de зa dans la famille Fabantou! J’entends les йduquer vertueusement, et que зa soit honnкte, et que зa soit gentil, et que зa croie en Dieu! sacrй nom! – Eh bien, monsieur, mon digne monsieur, savez-vous ce qui va se passer demain? Demain, c’est le 4 fйvrier, le jour fatal, le dernier dйlai que m’a donnй mon propriйtaire; si ce soir je ne l’ai pas payй, demain ma fille aоnйe, moi, mon йpouse avec sa fiиvre, mon enfant avec sa blessure, nous serons tous quatre chassйs d’ici, et jetйs dehors, dans la rue, sur le boulevard, sans abri, sous la pluie, sur la neige. Voilа, monsieur. Je dois quatre termes, une annйe! c’est-а-dire une soixantaine de francs.
Jondrette mentait. Quatre termes n’eussent fait que quarante francs, et il n’en pouvait devoir quatre, puisqu’il n’y avait pas six mois que Marius en avait payй deux.
M. Leblanc tira cinq francs de sa poche et les posa sur la table.
Jondrette eut le temps de grommeler а l’oreille de sa grande fille:
– Gredin! que veut-il que je fasse avec ses cinq francs? Cela ne me paye pas ma chaise et mon carreau! Faites donc des frais!
Cependant, M. Leblanc avait quittй une grande redingote brune qu’il portait par-dessus sa redingote bleue et l’avait jetйe sur le dos de la chaise.
– Monsieur Fabantou, dit-il, je n’ai plus que ces cinq francs sur moi, mais je vais reconduire ma fille а la maison et je reviendrai ce soir; n’est-ce pas ce soir que vous devez payer?…
Le visage de Jondrette s’йclaira d’une expression йtrange.
Il rйpondit vivement:
– Oui, mon respectable monsieur. А huit heures je dois кtre chez mon propriйtaire.
– Je serai ici а six heures, et je vous apporterai les soixante francs.
– Mon bienfaiteur! cria Jondrette йperdu.
Et il ajouta tout bas:
– Regarde-le bien, ma femme!
M. Leblanc avait repris le bras de la belle jeune fille et se tournait vers la porte:
– А ce soir, mes amis, dit-il.
– Six heures? fit Jondrette.
– Six heures prйcises.
En ce moment le pardessus restй sur la chaise frappa les yeux de la Jondrette aоnйe.
– Monsieur, dit-elle, vous oubliez votre redingote.
Jondrette dirigea vers sa fille un regard foudroyant accompagnй d’un haussement d’йpaules formidable.
M. Leblanc se retourna et rйpondit avec un sourire:
– Je ne l’oublie pas, je la laisse.
– Ф mon protecteur, dit Jondrette, mon auguste bienfaiteur, je fonds en larmes! Souffrez que je vous reconduise jusqu’а votre fiacre.
– Si vous sortez, repartit M. Leblanc, mettez ce pardessus. Il fait vraiment trиs froid.
Jondrette ne se le fit pas dire deux fois. Il endossa vivement la redingote brune.
Et ils sortirent tous les trois, Jondrette prйcйdant les deux йtrangers.
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