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Ïðîáëåìà ïåðèîäèçàöèè ðóññêîé ëèòåðàòóðû ÕÕ âåêà. Êðàòêàÿ õàðàêòåðèñòèêà âòîðîé ïîëîâèíû ÕÕ âåêà

Öåíîâûå è íåöåíîâûå ôàêòîðû

Õàðàêòåðèñòèêà øëèôîâàëüíûõ êðóãîâ è åå ìàðêèðîâêà

Ñëóæåáíûå ÷àñòè ðå÷è. Ïðåäëîã. Ñîþç. ×àñòèöû

ÊÀÒÅÃÎÐÈÈ:






Chapitre III Enrichies des commentaires de Toussaint




Dans le jardin, près de la grille sur la rue, il y avait un banc de pierre défendu par une charmille du regard des curieux, mais auquel pourtant, à la rigueur, le bras d’un passant pouvait atteindre à travers la grille et la charmille.

 

Un soir de ce même mois d’avril, Jean Valjean était sorti; Cosette, après le soleil couché, s’était assise sur ce banc. Le vent fraîchissait dans les arbres; Cosette songeait; une tristesse sans objet la gagnait peu à peu, cette tristesse invincible que donne le soir et qui vient peut-être, qui sait? du mystère de la tombe entr’ouvert à cette heure-là.

 

Fantine était peut-être dans cette ombre.

 

Cosette se leva, fit lentement le tour du jardin, marchant dans l’herbe inondée de rosée et se disant à travers l’espèce de somnambulisme mélancolique où elle était plongée: – Il faudrait vraiment des sabots pour le jardin à cette heure-ci. On s’enrhume.

 

Elle revint au banc.

 

Au moment de s’y rasseoir, elle remarqua à la place qu’elle avait quittée une assez grosse pierre qui n’y était évidemment pas l’instant d’auparavant.

 

Cosette considéra cette pierre, se demandant ce que cela voulait dire. Tout à coup l’idée que cette pierre n’était point venue sur ce banc toute seule, que quelqu’un l’avait mise là, qu’un bras avait passé à travers cette grille, cette idée lui apparut et lui fit peur. Cette fois ce fut une vraie peur; la pierre était là. Pas de doute possible; elle n’y toucha pas, s’enfuit sans oser regarder derrière elle, se réfugia dans la maison, et ferma tout de suite au volet, à la barre et au verrou la porte-fenêtre du perron. Elle demanda à Toussaint:

 

– Mon père est-il rentré?

 

– Pas encore, mademoiselle.

 

(Nous avons indiqué une fois pour toutes le bégayement de Toussaint. Qu’on nous permette de ne plus l’accentuer. Nous répugnons à la notation musicale d’une infirmité.)

 

Jean Valjean, homme pensif et promeneur nocturne, ne rentrait souvent qu’assez tard dans la nuit.

 

– Toussaint, reprit Cosette, vous avez soin de bien barricader le soir les volets sur le jardin au moins, avec les barres, et de bien mettre les petites choses en fer dans les petits anneaux qui ferment?

 

– Oh! soyez tranquille, mademoiselle.

 

Toussaint n’y manquait pas, et Cosette le savait bien, mais elle ne put s’empêcher d’ajouter:

 

– C’est que c’est si désert par ici!

 

– Pour ça, dit Toussaint, c’est vrai. On serait assassiné avant d’avoir le temps de dire ouf! Avec cela que monsieur ne couche pas dans la maison. Mais ne craignez rien, mademoiselle, je ferme les fenêtres comme des bastilles. Des femmes seules! je crois bien que cela fait frémir! Vous figurez-vous? voir entrer la nuit des hommes dans la chambre qui vous disent: – tais-toi! et qui se mettent à vous couper le cou. Ce n’est pas tant de mourir, on meurt, c’est bon, on sait bien qu’il faut qu’on meure, mais c’est l’abomination de sentir ces gens-là vous toucher. Et puis leurs couteaux, ça doit mal couper! Ah Dieu!

 

– Taisez-vous, dit Cosette. Fermez bien tout.

 

Cosette, épouvantée du mélodrame improvisé par Toussaint et peut-être aussi du souvenir des apparitions de l’autre semaine qui lui revenaient, n’osa même pas lui dire: – Allez donc voir la pierre qu’on a mise sur le banc! de peur de rouvrir la porte du jardin, et que «les hommes» n’entrassent. Elle fit clore soigneusement partout les portes et fenêtres, fit visiter par Toussaint toute la maison de la cave au grenier, s’enferma dans sa chambre, mit ses verrous, regarda sous son lit, se coucha, et dormit mal. Toute la nuit elle vit la pierre grosse comme une montagne et pleine de cavernes.

 

Au soleil levant, – le propre du soleil levant est de nous faire rire de toutes nos terreurs de la nuit, et le rire qu’on a est toujours proportionné à la peur qu’on a eue, – au soleil levant Cosette, en s’éveillant, vit son effroi comme un cauchemar, et se dit: – À quoi ai-je été songer? C’est comme ces pas que j’avais cru entendre l’autre semaine dans le jardin la nuit! c’est comme l’ombre du tuyau de poêle! Est-ce que je vais devenir poltronne à présent? – Le soleil, qui rutilait aux fentes de ses volets et faisait de pourpre les rideaux de damas, la rassura tellement que tout s’évanouit dans sa pensée, même la pierre.

 

– Il n’y avait pas plus de pierre sur le banc qu’il n’y avait d’homme en chapeau rond dans le jardin; j’ai rêvé la pierre comme le reste.

 

Elle s’habilla, descendit au jardin, courut au banc, et se sentit une sueur froide. La pierre y était.

 

Mais ce ne fut qu’un moment. Ce qui est frayeur la nuit est curiosité le jour.

 

– Bah! dit-elle, voyons donc.

 

Elle souleva cette pierre qui était assez grosse. Il y avait dessous quelque chose qui ressemblait à une lettre.

 

C’était une enveloppe de papier blanc. Cosette s’en saisit. Il n’y avait pas d’adresse d’un côté, pas de cachet de l’autre. Cependant l’enveloppe, quoique ouverte, n’était point vide. On entrevoyait des papiers dans l’intérieur.

 

Cosette y fouilla. Ce n’était plus de la frayeur, ce n’était plus de la curiosité; c’était un commencement d’anxiété.

 

Cosette tira de l’enveloppe ce qu’elle contenait, un petit cahier de papier dont chaque page était numérotée et portait quelques lignes écrites d’une écriture assez jolie, pensa Cosette, et très fine.

 

Cosette chercha un nom, il n’y en avait pas; une signature, il n’y en avait pas. À qui cela était-il adressé? À elle probablement, puisqu’une main avait déposé le paquet sur son banc. De qui cela venait-il? Une fascination irrésistible s’empara d’elle, elle essaya de détourner ses yeux de ces feuillets qui tremblaient dans sa main, elle regarda le ciel, la rue, les acacias tout trempés de lumière, des pigeons qui volaient sur un toit voisin, puis tout à coup son regard s’abaissa vivement sur le manuscrit, et elle se dit qu’il fallait qu’elle sût ce qu’il y avait là dedans.

 

Voici ce qu’elle lut:

 

Chapitre IV
Un cœur sous une pierre[56]

La réduction de l’univers à un seul être, la dilatation d’un seul être jusqu’à Dieu, voilà l’amour.

 

L’amour, c’est la salutation des anges aux astres.

 

Comme l’âme est triste quand elle est triste par l’amour!

 

Quel vide que l’absence de l’être qui à lui seul remplit le monde! Oh! comme il est vrai que l’être aimé devient Dieu. On comprendrait que Dieu en fût jaloux si le Père de tout n’avait pas évidemment fait la création pour l’âme, et l’âme pour l’amour.

 

Il suffît d’un sourire entrevu là-bas sous un chapeau de crêpe blanc à bavolet lilas, pour que l’âme entre dans le palais des rêves.

 

Dieu est derrière tout, mais tout cache Dieu. Les choses sont noires, les créatures sont opaques. Aimer un être, c’est le rendre transparent.

 

De certaines pensées sont des prières. Il y a des moments où, quelle que soit l’attitude du corps, l’âme est à genoux.

 

Les amants séparés trompent l’absence par mille choses chimériques qui ont pourtant leur réalité. On les empêche de se voir, ils ne peuvent s’écrire; ils trouvent une foule de moyens mystérieux de correspondre. Ils s’envoient le chant des oiseaux, le parfum des fleurs, le rire des enfants, la lumière du soleil, les soupirs du vent, les rayons des étoiles, toute la création. Et pourquoi non? Toutes les œuvres de Dieu sont faites pour servir l’amour. L’amour est assez puissant pour charger la nature entière de ses messages.

 

O printemps, tu es une lettre que je lui écris.

 

L’avenir appartient encore bien plus aux cœurs qu’aux esprits. Aimer, voilà la seule chose qui puisse occuper et emplir l’éternité. À l’infini, il faut l’inépuisable.

 

L’amour participe de l’âme même. Il est de même nature qu’elle. Comme elle il est étincelle divine, comme elle il est incorruptible, indivisible, impérissable. C’est un point de feu qui est en nous, qui est immortel et infini, que rien ne peut borner et que rien ne peut éteindre. On le sent brûler jusque dans la moelle des os et on le voit rayonner jusqu’au fond du ciel.

 

Ô amour! adorations! volupté de deux esprits qui se comprennent, de deux cœurs qui s’échangent, de deux regards qui se pénètrent? Vous me viendrez, n’est-ce pas, bonheurs! Promenades à deux dans les solitudes! journées bénies et rayonnantes! J’ai quelquefois rêvé que de temps en temps des heures se détachaient de la vie des anges et venaient ici-bas traverser la destinée des hommes.

 

Dieu ne peut rien ajouter au bonheur de ceux qui s’aiment que de leur donner la durée sans fin. Après une vie d’amour, une éternité d’amour, c’est une augmentation en effet; mais accroître en son intensité même la félicité ineffable que l’amour donne à l’âme dès ce monde, c’est impossible, même à Dieu. Dieu, c’est la plénitude du ciel; l’amour, c’est la plénitude de l’homme.

 

Vous regardez une étoile pour deux motifs, parce qu’elle est lumineuse et parce qu’elle est impénétrable. Vous avez auprès de vous un plus doux rayonnement et un plus grand mystère, la femme.

 

Tous, qui ne nous soyons, nous avons nos êtres respirables. S’ils nous manquent, l’air nous manque, nous étouffons. Alors on meurt. Mourir par manque d’amour, c’est affreux! L’asphyxie de l’âme!

 

Quand l’amour a fondu et mêlé deux êtres dans une unité angélique et sacrée, le secret de la vie est trouvé pour eux; ils ne sont plus que les deux termes d’une même destinée; ils ne sont plus que les deux ailes d’un même esprit. Aimez, planez!

 

Le jour où une femme qui passe devant vous dégage de la lumière en marchant, vous êtes perdu, vous aimez. Vous n’avez plus qu’une chose à faire, penser à elle si fixement qu’elle soit contrainte de penser à vous.

 

Ce que l’amour commence ne peut être achevé que par Dieu.

 

L’amour vrai se désole et s’enchante pour un gant perdu ou pour un mouchoir trouvé, et il a besoin de l’éternité pour son dévouement et ses espérances. Il se compose à la fois de l’infiniment grand et de l’infiniment petit.

 

Si vous êtes pierre, soyez aimant; si vous êtes plante, soyez sensitive; si vous êtes homme, soyez amour.

 

Rien ne suffit à l’amour. On a le bonheur, on veut le paradis; on a le paradis, on veut le ciel.

 

Ô vous qui vous aimez, tout cela est dans l’amour. Sachez l’y trouver. L’amour a autant que le ciel, la contemplation, et de plus que le ciel, la volupté.

 

– Vient-elle encore au Luxembourg? – Non, monsieur. – C’est dans cette église qu’elle entend la messe, n’est-ce pas? – Elle n’y vient plus. – Habite-t-elle toujours cette maison? – Elle est déménagée. – Où est-elle allée demeurer? – Elle ne l’a pas dit.

 

Quelle chose sombre de ne pas savoir l’adresse de son âme!

 

L’amour a des enfantillages, les autres passions ont des petitesses. Honte aux passions qui rendent l’homme petit! Honneur à celle qui le fait enfant!

 

C’est une chose étrange, savez-vous cela? Je suis dans la nuit. Il y a un être qui en s’en allant a emporté le ciel.

 

Oh! être couchés côte à côte dans le même tombeau la main dans la main, et de temps en temps, dans les ténèbres, nous caresser doucement un doigt, cela suffirait à mon éternité.

 

Vous qui souffrez parce que vous aimez, aimez plus encore. Mourir d’amour, c’est en vivre.

 

Aimez. Une sombre transfiguration étoilée est mêlée à ce supplice. Il y a de l’extase dans l’agonie.

 

Ô joie des oiseaux! c’est parce qu’ils ont le nid qu’ils ont le chant.

 

L’amour est une respiration céleste de l’air du paradis.

 

Cœurs profonds, esprits sages, prenez la vie comme Dieu la faite; c’est une longue épreuve, une préparation inintelligible à la destinée inconnue. Cette destinée, la vraie, commence pour l’homme à la première marche de l’intérieur du tombeau. Alors il lui apparaît quelque chose, et il commence à distinguer le définitif. Le définitif, songez à ce mot. Les vivants voient l’infini; le définitif ne se laisse voir qu’aux morts. En attendant, aimez et souffrez, espérez et contemplez. Malheur, hélas! à qui n’aura aimé que des corps, des formes, des apparences! La mort lui ôtera tout. Tâchez d’aimer des âmes, vous les retrouverez.

 

J’ai rencontré dans la rue un jeune homme très pauvre qui aimait. Son chapeau était vieux, son habit était usé; il avait les coudes troués; l’eau passait à travers ses souliers et les astres à travers son âme.

 

Quelle grande chose, être aimé! Quelle chose plus grande encore, aimer! Le cœur devient héroïque à force de passion. Il ne se compose plus de rien que de pur; il ne s’appuie plus sur rien que d’élevé et de grand. Une pensée indigne n’y peut pas plus germer qu’une ortie sur un glacier. L’âme haute et sereine, inaccessible aux passions et aux émotions vulgaires, dominant les nuées et les ombres de ce monde, les folies, les mensonges, les haines, les vanités, les misères, habite le bleu du ciel, et ne sent plus que les ébranlements profonds et souterrains de la destinée, comme le haut des montagnes sent les tremblements de terre.

 

S’il n’y avait pas quelqu’un qui aime, le soleil s’éteindrait.

 






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