![]() ТОР 5 статей: Методические подходы к анализу финансового состояния предприятия Проблема периодизации русской литературы ХХ века. Краткая характеристика второй половины ХХ века Характеристика шлифовальных кругов и ее маркировка Служебные части речи. Предлог. Союз. Частицы КАТЕГОРИИ:
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Chapitre IV Les deux devoirs : veiller et espйrerCela йtant, tout danger social est-il dissipй? non certes. Point de jacquerie. La sociйtй peut se rassurer de ce cфtй, le sang ne lui portera plus а la tкte; mais qu’elle se prйoccupe de la faзon dont elle respire. L’apoplexie n’est plus а craindre, mais la phtisie est lа. La phtisie sociale s’appelle misиre.
On meurt minй aussi bien que foudroyй.
Ne nous lassons pas de le rйpйter, songer, avant tout aux foules dйshйritйes et douloureuses, les soulager, les aйrer, les йclairer, les aimer, leur йlargir magnifiquement l’horizon, leur prodiguer sous toutes les formes l’йducation, leur offrir l’exemple du labeur, jamais l’exemple de l’oisivetй, amoindrir le poids du fardeau individuel en accroissant la notion du but universel, limiter la pauvretй sans limiter la richesse, crйer de vastes champs d’activitй publique et populaire, avoir comme Briarйe cent mains а tendre de toutes parts aux accablйs et aux faibles, employer la puissance collective а ce grand devoir d’ouvrir des ateliers а tous les bras, des йcoles а toutes les aptitudes et des laboratoires а toutes les intelligences, augmenter le salaire, diminuer la peine, balancer le doit et l’avoir, c’est-а-dire proportionner la jouissance а l’effort et l’assouvissement au besoin, en un mot, faire dйgager а l’appareil social, au profit de ceux qui souffrent et de ceux qui ignorent, plus de clartй et plus de bien-кtre, c’est lа, que les вmes sympathiques ne l’oublient pas, la premiиre des obligations fraternelles, c’est, que les cњurs йgoпstes le sachent, la premiиre des nйcessitйs politiques.
Et, disons-le, tout cela, ce n’est encore qu’un commencement. La vraie question, c’est celle-ci: le travail ne peut кtre une loi sans кtre un droit.
Nous n’insistons pas, ce n’est point ici le lieu.
Si la nature s’appelle providence, la sociйtй doit s’appeler prйvoyance.
La croissance intellectuelle et morale n’est pas moins indispensable que l’amйlioration matйrielle. Savoir est un viatique; penser est de premiиre nйcessitй; la vйritй est nourriture comme le froment. Une raison, а jeun de science et de sagesse, maigrit. Plaignons, а l’йgal des estomacs, les esprits qui ne mangent pas. S’il y a quelque chose de plus poignant qu’un corps agonisant faute de pain, c’est une вme qui meurt de la faim de la lumiиre.
Le progrиs tout entier tend du cфtй de la solution. Un jour on sera stupйfait. Le genre humain montant, les couches profondes sortiront tout naturellement de la zone de dйtresse. L’effacement de la misиre se fera par une simple йlйvation de niveau.
Cette solution bйnie, on aurait tort d’en douter.
Le passй, il est vrai, est trиs fort а l’heure oщ nous sommes. Il reprend. Ce rajeunissement d’un cadavre est surprenant. Le voici qui marche et qui vient. Il semble vainqueur; ce mort est un conquйrant. Il arrive avec sa lйgion, les superstitions, avec son йpйe, le despotisme, avec son drapeau, l’ignorance; depuis quelque temps il a gagnй dix batailles. Il avance, il menace, il rit, il est а nos portes. Quant а nous, ne dйsespйrons pas. Vendons le champ oщ campe Annibal.
Nous qui croyons, que pouvons-nous craindre?
Il n’y a pas plus de reculs d’idйes que de reculs de fleuves.
Mais que ceux qui ne veulent pas de l’avenir y rйflйchissent. En disant non au progrиs, ce n’est point l’avenir qu’ils condamnent, c’est eux-mкmes. Ils se donnent une maladie sombre; ils s’inoculent le passй. Il n’y a qu’une maniиre de refuser Demain, c’est de mourir.
Or, aucune mort, celle du corps le plus tard possible, celle de l’вme jamais, c’est lа ce que nous voulons.
Oui, l’йnigme dira son mot, le sphinx parlera, le problиme sera rйsolu. Oui, le Peuple, йbauchй par le dix-huitiиme siиcle, sera achevй par le dix-neuviиme. Idiot qui en douterait! L’йclosion future, l’йclosion prochaine du bien-кtre universel, est un phйnomиne divinement fatal.
D’immenses poussйes d’ensemble rйgissent les faits humains et les amиnent tous dans un temps donnй а l’йtat logique, c’est-а-dire а l’йquilibre, c’est-а-dire а l’йquitй. Une force composйe de terre et de ciel rйsulte de l’humanitй et la gouverne; cette force-lа est une faiseuse de miracles; les dйnoыments merveilleux ne lui sont pas plus difficiles que les pйripйties extraordinaires. Aidйe de la science qui vient de l’homme et de l’йvйnement qui vient d’un autre, elle s’йpouvante peu de ces contradictions dans la pose des problиmes, qui semblent au vulgaire impossibilitйs. Elle n’est pas moins habile а faire jaillir une solution du rapprochement des idйes qu’un enseignement du rapprochement des faits, et l’on peut s’attendre а tout de la part de cette mystйrieuse puissance du progrиs qui, un beau jour, confronte l’orient et l’occident au fond d’un sйpulcre et fait dialoguer les imans avec Bonaparte dans l’intйrieur de la grande pyramide.
En attendant, pas de halte, pas d’hйsitation, pas de temps d’arrкt dans la grandiose marche en avant des esprits. La philosophie sociale est essentiellement la science de la paix. Elle a pour but et doit avoir pour rйsultat de dissoudre les colиres par l’йtude des antagonismes. Elle examine, elle scrute, elle analyse; puis elle recompose. Elle procиde par voie de rйduction, retranchant de tout la haine.
Qu’une sociйtй s’abоme au vent qui se dйchaоne sur les hommes, cela s’est vu plus d’une fois; l’histoire est pleine de naufrages de peuples et d’empires; mњurs, lois, religions, un beau jour cet inconnu, l’ouragan, passe et emporte tout cela. Les civilisations de l’Inde, de la Chaldйe, de la Perse, de l’Assyrie, de l’Йgypte, ont disparu l’une aprиs l’autre. Pourquoi? nous l’ignorons. Quelles sont les causes de ces dйsastres? nous ne le savons pas. Ces sociйtйs auraient-elles pu кtre sauvйes? y a-t-il de leur faute? se sont-elles obstinйes dans quelque vice fatal qui les a perdues? quelle quantitй de suicide y a-t-il dans ces morts terribles d’une nation et d’une race? Questions sans rйponse. L’ombre couvre ces civilisations condamnйes. Elles faisaient eau puisqu’elles s’engloutissent; nous n’avons rien de plus а dire; et c’est avec une sorte d’effarement que nous regardons, au fond de cette mer qu’on appelle le passй, derriиre ces vagues colossales, les siиcles, sombrer ces immenses navires, Babylone, Ninive, Tarse, Thиbes, Rome, sous le souffle effrayant qui sort de toutes les bouches des tйnиbres. Mais tйnиbres lа, clartй ici. Nous ignorons les maladies des civilisations antiques, nous connaissons les infirmitйs de la nфtre. Nous avons partout sur elle le droit de lumiиre; nous contemplons ses beautйs et nous mettons а nu ses difformitйs. Lа oщ est le mal, nous sondons; et, une fois la souffrance constatйe, l’йtude de la cause mиne а la dйcouverte du remиde. Notre civilisation, њuvre de vingt siиcles, en est а la fois le monstre et le prodige; elle vaut la peine d’кtre sauvйe. Elle le sera. La soulager, c’est dйjа beaucoup; l’йclairer, c’est encore quelque chose. Tous les travaux de la philosophie sociale moderne doivent converger vers ce but. Le penseur aujourd’hui a un grand devoir, ausculter la civilisation.
Nous le rйpйtons, cette auscultation encourage; et c’est par cette insistance dans l’encouragement que nous voulons finir ces quelques pages, entr’acte austиre d’un drame douloureux. Sous la mortalitй sociale on sent l’impйrissabilitй humaine. Pour avoir за et lа ces plaies, les cratиres, et ces dartres, les solfatares, pour un volcan qui aboutit et qui jette son pus, le globe ne meurt pas. Des maladies de peuple ne tuent pas l’homme.
Et nйanmoins, quiconque suit la clinique sociale hoche la tкte par instants. Les plus forts, les plus tendres, les plus logiques ont leurs heures de dйfaillance.
L’avenir arrivera-t-il? il semble qu’on peut presque se faire cette question quand on voit tant d’ombre terrible. Sombre face-а-face des йgoпstes et des misйrables. Chez les йgoпstes, les prйjugйs, les tйnиbres de l’йducation riche, l’appйtit croissant par l’enivrement, un йtourdissement de prospйritй qui assourdit, la crainte de souffrir qui, dans quelques-uns, va jusqu’а l’aversion des souffrants, une satisfaction implacable, le moi si enflй qu’il ferme l’вme; chez les misйrables, la convoitise, l’envie, la haine de voir les autres jouir, les profondes secousses de la bкte humaine vers les assouvissements, les cњurs pleins de brume, la tristesse, le besoin, la fatalitй, l’ignorance impure et simple.
Faut-il continuer de lever les yeux vers le ciel? le point lumineux qu’on y distingue est-il de ceux qui s’йteignent? L’idйal est effrayant а voir, ainsi perdu dans les profondeurs, petit, isolй, imperceptible, brillant, mais entourй de toutes ces grandes menaces noires monstrueusement amoncelйes autour de lui; pourtant pas plus en danger qu’une йtoile dans les gueules des nuages.
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