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ТОР 5 статей:

Методические подходы к анализу финансового состояния предприятия

Проблема периодизации русской литературы ХХ века. Краткая характеристика второй половины ХХ века

Ценовые и неценовые факторы

Характеристика шлифовальных кругов и ее маркировка

Служебные части речи. Предлог. Союз. Частицы

КАТЕГОРИИ:






Chapitre VIII Les deux ne font pas la paire




Quant aux deux filles de M. Gillenormand, nous venons d’en parler. Elles йtaient nйes а dix ans d’intervalle. Dans leur jeunesse elles s’йtaient fort peu ressemblй, et, par le caractиre comme par le visage, avaient йtй aussi peu sњurs que possible. La cadette йtait une charmante вme tournйe vers tout ce qui est lumiиre, occupйe de fleurs, de vers et de musique, envolйe dans des espaces glorieux, enthousiaste, йthйrйe, fiancйe dиs l’enfance dans l’idйal а une vague figure hйroпque. L’aоnйe avait aussi sa chimиre; elle voyait dans l’azur un fournisseur, quelque bon gros munitionnaire bien riche, un mari splendidement bкte, un million fait homme, ou bien, un prйfet; les rйceptions de la prйfecture, un huissier d’antichambre chaоne au cou, les bals officiels, les harangues de la mairie, кtre «madame la prйfиte», cela tourbillonnait dans son imagination. Les deux sњurs s’йgaraient ainsi, chacune dans son rкve, а l’йpoque oщ elles йtaient jeunes filles. Toutes deux avaient des ailes, l’une comme un ange, l’autre comme une oie.

 

Aucune ambition ne se rйalise pleinement, ici-bas du moins. Aucun paradis ne devient terrestre а l’йpoque oщ nous sommes. La cadette avait йpousй l’homme de ses songes, mais elle йtait morte. L’aоnйe ne s’йtait pas mariйe.

 

Au moment oщ elle fait son entrйe dans l’histoire que nous racontons, c’йtait une vieille vertu, une prude incombustible, un des nez les plus pointus et un des esprits les plus obtus qu’on pыt voir. Dйtail caractйristique: en dehors de la famille йtroite, personne n’avait jamais su son petit nom. On l’appelait mademoiselle Gillenormand l’aоnйe.

 

En fait de cant, mademoiselle Gillenormand l’aоnйe eыt rendu des points а une miss. C’йtait la pudeur poussйe au noir. Elle avait un souvenir affreux dans sa vie; un jour, un homme avait vu sa jarretiиre.

 

L’вge n’avait fait qu’accroоtre cette pudeur impitoyable. Sa guimpe n’йtait jamais assez opaque, et ne montait jamais assez haut. Elle multipliait les agrafes et les йpingles lа oщ personne ne songeait а regarder. Le propre de la pruderie, c’est de mettre d’autant plus de factionnaires que la forteresse est moins menacйe.

 

Pourtant, explique qui pourra ces vieux mystиres d’innocence, elle se laissait embrasser sans dйplaisir par un officier de lanciers qui йtait son petit-neveu et qui s’appelait Thйodule.

 

En dйpit de ce lancier favorisй, l’йtiquette: Prude, sous laquelle nous l’avons classйe, lui convenait absolument. Mlle Gillenormand йtait une espиce d’вme crйpusculaire. La pruderie est une demi-vertu et un demi-vice.

 

Elle ajoutait а la pruderie le bigotisme, doublure assortie. Elle йtait de la confrйrie de la Vierge, portait un voile blanc а de certaines fкtes, marmottait des oraisons spйciales, rйvйrait «le saint sang», vйnйrait «le sacrй cњur», restait des heures en contemplation devant un autel rococo-jйsuite dans une chapelle fermйe au commun des fidиles, et y laissait envoler son вme parmi de petites nuйes de marbre et а travers de grands rayons de bois dorй.

 

Elle avait une amie de chapelle, vieille vierge comme elle, appelйe Mlle Vaubois, absolument hйbйtйe, et prиs de laquelle Mlle Gillenormand avait le plaisir d’кtre un aigle. En dehors des agnus dei et des ave maria, Mlle Vaubois n’avait de lumiиres que sur les diffйrentes faзons de faire les confitures. Mlle Vaubois, parfaite en son genre, йtait l’hermine de la stupiditй sans une seule tache d’intelligence.

 

Disons-le, en vieillissant Mlle Gillenormand avait plutфt gagnй que perdu. C’est le fait des natures passives. Elle n’avait jamais йtй mйchante, ce qui est une bontй relative; et puis, les annйes usent les angles, et l’adoucissement de la durйe lui йtait venu. Elle йtait triste d’une tristesse obscure dont elle n’avait pas elle-mкme le secret. Il y avait dans toute sa personne la stupeur d’une vie finie qui n’a pas commencй.

 

Elle tenait la maison de son pиre. M. Gillenormand avait prиs de lui sa fille comme on a vu que monseigneur Bienvenu avait prиs de lui sa sњur. Ces mйnages d’un vieillard et d’une vieille fille ne sont point rares et ont l’aspect toujours touchant de deux faiblesses qui s’appuient l’une sur l’autre.

 

Il y avait en outre dans la maison, entre cette vieille fille et ce vieillard, un enfant, un petit garзon toujours tremblant et muet devant M. Gillenormand. M. Gillenormand ne parlait jamais а cet enfant que d’une voix sйvиre et quelquefois la canne levйe: – Ici! monsieur! – Maroufle, polisson, approchez! – Rйpondez, drфle! – Que je vous voie, vaurien! etc., etc. Il l’idolвtrait.

 

C’йtait son petit-fils[35]. Nous retrouverons cet enfant.

 






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